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Programme : Rénovation énergétique et extension
Maître de l'ouvrage : Commune d'Aigle
Réalisation : 2021 - 2025
Photographies : Rémy Gindroz
Adresse : Place du Marché 1 _ 1860 Aigle
Coût : 21 mio (y.c. hôtel de police, hors am. ext.)
Direction des travaux : Tekhne SA
Architecte paysagiste : pleineterre paysage et communication
Rénovation énergétique, transformation et extension de l’Hôtel de Ville d’Aigle
Le projet d’origine 1956 – 1963
L’histoire commence au milieu des années 50, dans cette période de forte croissance économique dite des « 30 glorieuses ». Les services administratifs communaux et régionaux sont à l’étroit dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’Ancienne Maison de Ville située en plein centre de la bourgade d’Aigle.
La Municipalité de l’époque décide alors d’organiser un ambitieux concours d’architecture pour la construction d’un nouveau « Centre administratif ».
Deux jeunes architectes, trentenaires, Michel-Robert Weber et Nicolas Petrovitch, relèvent le défi. Ils sont membres d’un collectif d’architectes lausannois, les AAA, qui se distinguera quelques années plus tard à travers des réalisations qui s’inscrivent dans une modernité affirmée.
Leur proposition est radicale et se veut d’avant-garde :
Une barre de 36 m. de long est implantée en face de la Maison de Ville, redéfinissant la Place du Marché dans la Cité. Un dialogue permanent, entre tradition et modernité, s’instaure entre l’ancien et le nouvel Hôtel de ville. Pour leur bâtiment, les auteurs s’affranchissent des conventions classiques et convoquent les principes de l’architecture moderne théorisés par Le Corbusier 30 ans plus tôt :
Un bâtiment perpendiculaire comprenant la caserne des pompiers et le tribunal borde la rue adjacente. A l’articulation des deux corps de bâti, une tour, destinée à faire sécher les tuyaux du service du feu, est campée comme la métaphore d’un beffroi et complète la composition. Le choix des matériaux, volontairement limité, participe au raffinement et à la cohésion de l’ensemble.
A son inauguration, en 1963, la presse et l’opinion sont unanimes et l’on parle d’audacieuse réussite.
Cet ensemble de l’Hôtel de Ville constitue un remarquable témoin régional du mouvement moderne. Il s’agit indéniablement d’un jalon important de l’histoire locale.
Les altérations 1982 – 2016
De nombreuses transformations vont se succéder au cours des décennies suivantes altérant le plus souvent les qualités d’origine du projet :
Le parking est construit à la place du jardin et une nouvelle annexe de deux niveaux est érigée au sud de la parcelle. Les circulations, entre les bâtiments d’origine et le nouveau corps, sont réalisées par l’extérieur sous forme de tunnels vitrés. Ces liaisons enferment le hall principal, le relativise et supprime sa transparence. A la même époque, les façades d’origine sont remplacées par des ouvertures à la française, dénaturant le concept et brisant l’harmonie des proportions.
Une autre intervention péjorante fut la construction du poste de police au rez supérieur. Les locaux furent agrandis, condamnant ainsi l’accès à l’aile perpendiculaire et créant un volume en saillie sur la terrasse ouest. Ce chantier a détérioré l’articulation entre les deux corps de bâtiment.
L’accumulation de ces dégradations a conduit la Commission spéciale pour assurer une évaluation scientifique et indépendante du patrimoine architectural du 20e siècle du Canton de Vaud, présidée par Bruno Marchand, à attribuer une médiocre note 6* au complexe de l’Hôtel de Ville d’Aigle dans son rapport daté du 30 août 2019…
La rénovation énergétique et la densification 2020 – 2024
La nécessité d’une rénovation énergétique, d’une mise à niveau normative et d’une densification du complexe de l’Hôtel de Ville a heureusement permis d’inverser quelque peu cette tendance :
Une mise en conformité de l’ensemble dans un esprit de restauration plutôt que de rénovation a été proposée. Ainsi, au-delà des interventions purement techniques, les objectifs architecturaux du projet furent les suivants :
Afin d’atteindre ces objectifs, trois mesures importantes ont été prises :
La Police du Chablais fut transféré dans l’annexe transformé en « Hôtel de police ». Cette opération a donné l’occasion de modifier l’image de ce petit bâtiment et de « neutraliser » son architecture afin de l’identifier comme un élément indépendant de l’Hôtel de Ville. L’ancien poste de police occupant l’articulation des deux ailes fut alors déconstruit permettant une restauration typologique importante, celle de la liaison entre le hall d’entrée et l’aile perpendiculaire qui conduit à la salle Frédéric Rouge. Ainsi, le hall d’entrée principal redevient le centre de gravité du complexe.
Une deuxième mesure a été la création d’une nouvelle liaison verticale à l’emplacement de celle qui conduisait aux logements et qui réunit plusieurs fonctions :
Le hall de distribution, ouvert sur tous les étages, et l’escalier d’origine sont alors conservés moyennant l’installation de sprinklers et un système de désenfumage.
Une troisième mesure enfin concerne la stratégie d’intervention permettant la densification nécessaire à l’absorption de l’augmentation significative du programme en termes de surfaces utiles.
Cette densification consiste en deux interventions conséquentes bien que parfaitement assumées :
L’adjonction du dernier étage du bâtiment principal, qui abritait initialement des logements de fonction, par l’ouverture de la trémie du 4ème étage et la poursuite de la cage d’escalier principale.
La surélévation partielle de l’aile perpendiculaire conçue comme une extension naturelle du complexe initial.
Planches du projet